Des collégiens de Morlaix ont délocalisé leur salle de cours dans les locaux d'un grand garage de la ville. Trois jours d'immersion pour se confronter à la réalité du monde du travail.
Insolite
« Dans 5 minutes, sonnerie comme au collège », lance Jean-Jacques Charlou, directeur Segpa du collège du Château à Morlaix. Jusqu'ici, tout paraît normal. Sauf que Marie-Émilie, Léo, Chibuike, Johan, Hugo et Eliaz... élèves de 3e en section d'enseignement général et professionnel adapté, patientent dans le hall de la concession automobile Peugeot de la zone artisanale de la Croix-Rouge.
Leur professeur de maths M. Emeric Corbin les attend dans une salle de classe improvisée près des bureaux des commerciaux. La leçon va porter sur l'acquisition d'un véhicule à crédit.
Cette innovation pédagogique est faite sur incitation de l'Académie, des inspecteurs technique et d'orientation en partenariat avec des associations d'entreprises, qui suivront donc de près cette action.
Un dispositif, qui permet aux jeunes de vivre trois jours d'immersion dans une société, avec des cours spécifiques « hors les murs », et qui prennent appui sur l'histoire de l'entreprise. « Notre rôle en Segpa, est d'éviter à ces jeunes une sortie du système scolaire sans qualification, insiste Jean-Jacques Charlou. Notre objectif est de leur montrer différents métiers et de les orienter vers au moins un CAP. »
Déclencher des vocations
Une façon de quitter le quotidien du collège tout en apprenant la réalité du monde du travail, un monde parfois lointain dans l'esprit de ces collégiens. Le bruit des visseuses pneumatiques, l'odeur des huiles de vidange, l'ambiance studieuse des bureaux, les voitures neuves affrétées par le metteur en main, le magasinier qui assure la logistique...
Des sensations, un vocabulaire et de nouveaux métiers qui prennent tout leur sens, une fois expliqués par Laurent Schaedle, directeur du garage qui jouait le professeur, hier pour la première journée. « J'ai tout de suite dit oui à la proposition du collège. Moi-même je suis passé par les BEP, Bac et BTS, donc hors de la filière classique, et je suis aujourd'hui directeur. Les garages manquent de mécaniciens, c'est une bonne chose que de pouvoir montrer la multicité de nos métiers, et qui sait, déclencher des vocations. »
Le garage, ils vont le voir d'un autre oeil. Cette immersion dans le monde du travail va se poursuivre jusqu'à vendredi. Entre les cours traditionnels, les quinze élèves accompagnés par les journalistes du Webzin & Co, vont interviewer les salariés. Après cette expérience, les films vidéos seront montés pour être ensuite présentés lors d'une restitution en mai prochain au collège. « Le but est aussi de partager ces films sur Internet, poursuit Jean-Jacques Charlou. Histoire de vulgariser une nouvelle vision de l'entreprise par les jeunes. »