Rencontre avec Marcellin HELLEQUIN le 25 janvier 2019
Club « Le monde est à nous » exceptionnel, ouvert à d’autres élèves, venus nombreux de la 6e à la 3e découvrir le récit de Marcellin mais aussi tout son équipement : duvet, chaussures, sac, crampons, piolets…
Merci à lui de nous avoir consacré de son temps !
Marin à la retraite, ils s’est découvert une nouvelle passion : escalader les montagnes. En Europe, nous n’avons pas de sommet à plus de 7 000 mètres, il faut aller dans l’Himalaya, c’est à dire au Népal, en Afghanistan ou au Tibet.
Il nous a montré une vidéo de son ascension à 7200 m, que vous pouvez retrouver sur sa page facebook. Il faut passer par différents camps, pour laisser le temps au corps de s’acclimater par paliers. Le manque d’oxygène peut sinon être mortel. Une expédition dure environ 35 jours, dont 15 jours d’ascension pour aller au camp de base. Les sherpas, qui vivent sur place, préparent l’expédition pour les occidentaux, sinon en mode exploration il faudrait 2 mois. Marcellin part avec 35 à 40 kg, mais il n’en porte que 8 environ, les porteurs ou des mules se chargent du reste. Il faut dire que 1 kg chez nous équivaut à 20 kg là-haut. Sur la vidéo que nous avons vu, il a dû franchir un « mur de glace », avec un angle de plus de 70°. Il faut s’équiper de chaussures de glace avec des crampons, et le monter au moins 5 fois pour acclimater son corps. La température est comprise entre 2-3° et -25°, -30° au lever du soleil, avec un ressenti bien plus bas si il y a du vent.
Dans sa dernière expédition, entre le 20 octobre et le 18 novembre 2018, Marcellin Hellequin est parti seul avec 2 sherpas et a gravi l’Himlung Himal à 7 126 mètres. Parmi les 40 tentatives sur ce sommet en 2018, seules 18 ont réussi, dont la sienne.
Il ne faut pas imaginer des sommets toujours enneigés, c’est surtout beaucoup de roches, la glace n’est que très haut sur la montagne. L’ascension est « difficile, il faut respirer, aller lentement, savoir redescendre si besoin ». A partir de 4000 mètres, on dit qu’il faut faire « un pas, une respiration » pour ne pas être touché par le MAM, le mal aigu des montagnes. Celui-ci se déclenche toujours la nuit, avec un mal de tête provoqué par un œdème cérébral.
Avant chaque expédition, les sherpas font une cérémonie, et accrochent des pavillons de prière.
Il n’y a pas d’ascension en été (c’est la mousson, il y a trop de neige) ou en hiver (trop froid, jusqu’à 40°), ce qui fait que tous veulent grimper au même moment, il y a parfois beaucoup de monde au camp de base. Depuis 45 ans, les lodges dans les villages les plus proches proposent de tout à vendre, dans de petites supérettes, y compris de l’eau en bouteille, ce qui pollue. Au lieu de récupérer l’eau sur le glacier et la faire bouillir, il y a donc désormais des déchets, qu’il faut brûler sur place. Un inventaire de tous les biens est d’ailleurs fait à l’entrée du « parc », et à la sortie tout doit avoir été ramené. Cette réglementation est facile à suivre quand il y a un cortège de mules (lui en avait 6), moins en mode exploration.
Les élèves se sont interrogés sur le coût de cette passion…. Si l’on monte seul, cela revient plus cher. Lui a dépensé la dernière fois environ 13 000 € (billet d’avion, 2 sherpas, 1 cuisinier, 1 porteur, le permis d’ascension…).
Pour la préparation, il faut bien sûr être en bonne condition physique, mais cela ne compte que pour une petite partie, la préparation mentale pèse au moins 50 %. Il faut être prêt à affronter toutes les difficultés et surtout l’échec, se formater pour écouter les coéquipiers : on peut avoir des pertes de conscience de sa faiblesse et se mettre en grave danger sinon.