Depuis la Toussaint à Morlaix, tous les élèves peuvent faire leurs devoirs au collège, aidés d’un professeur. Avec parfois un enseignant pour deux à trois collégiens, c’est le grand luxe au Château !
L’initiative
17 h 15, au collège du Château. La plupart des élèves sont rentrés chez eux. Dans le CDI illuminé de soleil, une dizaine de collégiens fait des heures supplémentaires. Titouan, Enzo et Armel planchent sur leurs devoirs.
Mais ils ne sont pas seuls. « Do you have pets ? » (« As-tu des animaux ? »). Pascal Fabre, professeur, interroge Enzo, en 4e. Auparavant, il s’est occupé de Titouan, aux prises avec un exercice de mathématiques.
Depuis la rentrée de la Toussaint, tous les collégiens ont la possibilité de rentrer à la maison l’esprit tranquille. Le dispositif « devoirs faits » a été lancé par le gouvernement, pour permettre aux jeunes de faire leur travail dans les meilleures conditions possible, c’est-à-dire au calme et avec l’aide précieuse d’un enseignant. Tout cela gratuitement.
« Plus facile de se concentrer »
Au collège du Château, une quinzaine de professeurs se sont portés volontaires pour encadrer ces séances, durant une vingtaine de créneaux de permanence et à l’heure de l’étude du soir, trois jours par semaine. Sachant que seule une soixantaine d’élèves (sur 410) y sont inscrits, cela leur permet souvent de se partager un professeur à deux ou trois. « C’est un luxe terrible », sourit Pascal Fabre, qui coordonne le dispositif.
Il aimerait que davantage d’élèves y participent, de leur initiative ou poussés par leurs parents, tous informés du dispositif. « Mais ce n’est que le début », relativise Marcel Sorin, principal. Au prochain conseil de classe, il est prévu d’identifier les élèves qui auraient le plus besoin de cette aide aux devoirs, et de relancer les familles.
Les premiers convaincus du dispositif, ce sont les jeunes. « C’est plus facile de se concentrer quand je suis ici, donc je vais plus vite », relève Titouan. Armel, lui, apprécie d’être avec ses copains.
Quant à Enzo, il a compris tout l’intérêt : « Quand je rentre chez moi, je peux jouer à la console ! » Du coup, fini les tensions à la maison sur le sujet des devoirs. « L’ambiance est meilleure », assure l’adolescent.
Surtout, peu à peu, ils améliorent leurs résultats scolaires. Les trois garçons disent avoir gagné un point de moyenne. « Le rapport avec le professeur est aussi changé. Il devient une personne-ressource », remarque Pascal Fabre, qui enseigne habituellement l’EPS. Le principal relève « un impact très bénéfique » sur des élèves pouvant être dissipés
.
« J’ai eu une bonne note ! »
Le dispositif a aussi un effet sur la pédagogie. Pacal Fabre a imaginé un petit questionnaire que chaque élève doit remplir en début de séance, indiquant ce qu’il a à faire. « Pour qu’ils puissent mieux s’organiser, mais aussi permettre un contrôle des parents. »
Les professeurs seront invités à modifier l’intitulé des devoirs, pour plus de clarté. Le très vague libellé « Continuer ce qui a été fait en classe » devrait disparaître. « Pour chaque devoir, ils devront aussi donner une estimation du temps. »
La récompense de tous ces efforts ? « Quand un élève nous attrape dans le couloir pour dire : Monsieur, j’ai eu une bonne note ! »
Article proposé par Delphine Van Hauwaert dans le quotidien OuestFrance du 27/02/2018.